où vont toutes les vies rompues
et tous les rêves disparus
où s’en vont les chemins perdus
et cette détresse entrevue
comme une ombre au bout d’une rue
quand meurt l’innocence
dans l’indifférence
où s’en va l’enfance
on est monté sur un bateau
qui de toutes parts prend l’eau
à vouloir posséder la vérité
un jour on va couler
il faudrait bien nous rappeler
que tous les drapeaux sont de trop
avant de nous noyer
d’y laisser notre peau
je lance des cailloux dans l’eau
et je parle avec les oiseaux
malgré la mort et la misère
je trouve encore le monde beau
malgré les amis suicidés
les enfances écartelées
j’aime encore cette terre
et cette vie qui m’est prêtée
où va le silence égaré
sous tant de mots déracinés
notre parole est enlisée
où vont toutes les vies fauchées
et la mémoire des oubliés
dans l’immense nuit
des espoirs trahis
où va la magie
dans l’illusion et le confort
de nos existences incolores
nos yeux restent si bien fermés
que nos cœurs en sont aveuglés
et dans nos décors mensongers
notre sommeil est un tombeau
asservi aux reflets
de miroirs sans écho
j’entends des rires d’océan
très loin des rouages du temps
malgré les ombres et la colère
mon espoir demeure vivant
malgré les forêts saccagées
et les enfances exilées
j’aime encore cette terre
et cette vie qui m’est prêtée
où vont les rêves qu’on détruit
où vont les paumés les bannis
tous ceux-là que l’on humilie
ceux qu’on balaie sous le tapis
des statistiques du mépris
chiffres charognards
sur un écran noir
où meurt le regard
nous sommes pris dans un étau
qui fait de nous des numéros
à se faire comptabiliser
on finit par être étouffé
il faudrait nous désenchaîner
et rompre les rangs du troupeau
avant d’être écrasés
d’y laisser notre peau
alors je chante avec les loups
avec les arbres et le vent fou
malgré les douleurs et les guerres
mes rêves sont restés debout
malgré les haines insensées
et les enfances foudroyées
j’aime encore cette terre
et cette vie qui m’est prêtée
Paroles et musique: © Francine Hamelin (SOCAN)