Dans mes jardins.






Une chanson science-fiction !
viens chanter avec moi
dans mes forêts de louve
où il n’est de saison
que celle de l’enfance vivace
nous donnerons voix
à l’indigo d’un ciel troué d’étoiles
odes de terre et de feu
au grand large de l’âme
nous donnerons voix
aux sources discrètes
d’un jardin transpercé de lumière
dans l’entente sacrée des roses et des oiseaux
nous donnerons voix
aux arbres incandescents du rêve
au balancement mordoré des blés
rythme plus ancien que le temps même
viens chanter avec moi
dans mes forêts de louve
où il n’est de raison
que l’éternel mystère d’un cœur qui bat
© Francine Hamelin (Le chemin profond)
dans la mélopée de la pluie
sont passées des voix de nuées
des chevauchées de vent liquide
la terre abreuvée prépare ses fleurs
comme un feu d’artifices
pour la symphonie solaire
viens nous irons cueillir
au bout de l’arc-en-ciel
le bateau ivre de Rimbaud
et les tournesols de Vincent
des oiseaux transparents
et leurs rires de vif-argent
et dans les rêves des roses
et dans l’or mouvant des blés
je boirai sur tes lèvres
le vin doux de la rosée
l’ivresse d’une saison d’émeraude
© Francine Hamelin (La maison des oiseaux)
Un immense merci, Barbara, pour ta merveilleuse poésie. Au-delà des embûches du monde, elle est gardienne de beauté et semeuse de joie, elle garde vivantes et vibrantes la lumière des arbres et l’âme intègre de l’amour et de l’enfance. C’est magnifique. J’en suis profondément touchée. Merci de tout coeur.
Et Barbara Auzou, c’est ici
Gardienne de la terre / une aquarelle de Francine Hamelin accompagnée de mon poème
elle a chanté trois fois
cette voix émue du seuil
avare de son logis
il est trop tôt ou trop tard
pour l’espoir qui s’attache
à la bête craintive de mon pas
et partout la suit
je serre son texte tendre
soudain couvert de feuilles
et pour le pré d’une seule province
je m’allonge dans son lit
je creuse le sillon mince
de sa bouche où grandit
le calme des plantes
où s’épouse la douce furie des lendemains
ô oui je serai la gardienne
de tout ce que l’on touche au plus profond
de tout ce que l’on vénère
j’ai dans mes mains des paniers d’hirondelles
un désir de vert capturé vivant
et chaque printemps est un prétexte
à un délié opiniâtre
chaque printemps est un prétexte
à la poursuite du chemin
si j’ai un seul soleil à l’aine
dans les cheveux un champ de blé roux
qui s’étire comme le font parfois les oiseaux
sur les margelles
c’est que je reste cette enfant plus loin
prise malgré-moi dans les vertiges de la division
et le si beau souci de durer
quand partout dans le monde pèse la menace
et s’effacent un à un les arbres
Barbara Auzou
il y a dans le ciel des chevauchées d’étoiles
et la lune alezane qui veille sur les enfances
assoupies dans les bras mordorés du rêve
il y a dans le vent
le parfum des herbes hautes
et leur ondulante musique
il y a dans le temps
comme une odeur d’éternité
tu dis à mon oreille des mots
beaux comme des galaxies nomades
dans les steppes de la nuit
© Francine Hamelin (Le chemin profond)
j’ai lancé dans la rivière de la nuit
quelques poèmes d’écorce
comme des canots
au fil de mille éternités
dedans il y a mes rêves de blé roux
et mon appartenance aux moissons
mes îles de turquoise et de lapis-lazuli
où des fleurs s’époumonent
à chanter des parfums
dedans il y a la joie subtile des pierres
et mes oiseaux de bon augure
qui défient le temps escogriffe
et la folie du monde
j’ai lancé dans la rivière de la nuit
quelques poèmes d’écorce
et des songes de roses
ils iront bien jusqu’à l’outremer de ton âme
au fil de mille éternités
© Francine Hamelin (Le chemin profond)