dans la nuit
longtemps j’ai marché
à perte de mémoire
sur des sentiers inconnus
j’allais les bras tendus
le front brûlant
j’allais sans amertume
les mains remplies d’étoiles
sur des routes perdues
vers un mirage jailli
d’un long brouillard
j’allais sans tristesse
avec à peine
un peu de la mélancolie
ancrée au cœur des choses
j’allais sans amertume
sachant déjà
qu’on ne fait jamais
le chemin à rebours
sachant déjà que cette marche
vers la fin des rumeurs
était vaine
j’allais vitement
pour laisser le temps s’étendre
loin de la terre que je foulais
et quand j’ai arrêté ma route
quand je suis arrivée
au bout de mon voyage
plus loin que les rumeurs figées
et les lumières des cités
plus loin que la vie
plus loin que la mort
tout n’était que fantomatique reflet
et c’est les mains pleine de pierres
que je me suis noyée
dans l’infini du soleil levant
© Francine Hamelin (tiré de Tristesse de pierres)