au seuil des marécages
l’engoulevent se tait avant que de partir
tout au long d’une phrase ailée
où s’égrènent les arcanes d’une nébuleuse
point minuscule dans l’infini
je traduis l’éternité en temps
l’heure est immobile
et nul n’en déchiffre les premières atteintes
derrière nos fronts anxieux
ces quelques rides
à notre inutile mémoire
nul ne nous a décrit ce naufrage étrange
parmi les vagues et précaires résonances des saisons
au fond des puits les yeux nocturnes de l’inconnu
luisent comme des escarboucles
et dévisagent notre solitude brûlée aux feux du jour
à la profondeur de l’espace
au fond des puits l’océan nous attend
parsemé d’étoiles vermeilles
et garde en ses replis le secret des abysses
l’énigme des célestes abîmes
reflétés en sa chair fluide et sauvage
nul ne nous a prédit l’amertume de l’eau
l’amer à boire jusqu’à l’adoucissement de la soif
aux abords des margelles de calcédoine
au-delà des routes calcinées
le mystère vient s’éclore et se résoudre
tout ce qui est mortel
ailleurs devient vivant vivace et prolongé
par le cri déchiré du silence
© Francine Hamelin (tiré de La femme envolée et autres poèmes du feu et de la soif)