au bout des solitudes au bout de cette route
est-il un grand silence dont on ne revient pas
et lorsque je regarde ce monde en déroute
me semble que je partirais là-bas… parfois
et lorsque certains soirs en moi monte le doute
quand je vois tant d’enfants mourir de nos combats
contre le désespoir alors je m’arc-boute
et puis j’essaie de croire que la vie gagnera
très loin de tous les masques d’un monde de parure
loin des miroirs du vide qui volent en éclats
y a des jours de silence où je me claquemure
pour oublier les cris d’un monde en désarroi
s’il m’arrive de perdre le goût de l’aventure
lorsque la Terre en peine pèse de tout son poids
au fond de moi s’élève un espoir qui murmure
que c’est la vie encore qui un jour gagnera
dans sa beauté fragile la planète m’habite
d’arbres et d’océan de tourmente et de joie
je porte charge d’âme et ne sais point la fuite
je suis de cette Terre que je sais aux abois
et quand le temps me nargue et vitement s’effrite
ce temps que je voudrais celui que je n’ai pas
même au profond des nuits une flamme palpite
et me redit sans cesse que la vie gagnera
malgré les sabliers d’existence précaire
j’ai une éternité ancrée au creux de moi
sur mon itinéraire j’y trouve sanctuaire
malgré ceux qui nous quittent et tout ce qui s’en va
j’ai beau savoir que nous ne sommes qu’éphémères
savoir que la poussière recouvrira nos pas
il restera toujours une source au désert
avec ou malgré nous cette vie gagnera
© Francine Hamelin