dans la douceur des univers intacts
je traverse une autre rivière
où l’enfance joue en très grande paix
ah je chanterai plus loin que nos pathétiques folies
et je serai debout et libre
dans le parfum des aubes ruisselantes
j’apprendrai la lumière avec les doigts du cœur
et l’âme de mes mains
debout
et libre
parmi les paysages
seule
mais peuplée d’oiseaux
et de visages et de sèves
ayant l’espace d’un regard
échappé au tendre piège du temps
il reste à mes saisons un secret de feuillage à résoudre
et le mystère infini d’un grain de sable à entrouvrir
quelle soif extrême pousse ainsi mes pas
vers les routes inattendues
vers l’énigmatique présence des fontaines
ah je sais que les paroles du feu demeureront éternelles
et que je resterai fragile et éphémère
écoutant le silence luisant à l’envers des musiques
apprivoisant la beauté
de tout ce qui respire
de tout ce qui palpite
je sais qu’il reste à mes semaines
des départs à connaître
des retours à tresser
des ponts à reconstruire entre nos solitudes
mais sans reprendre haleine
sans m’arrêter du coin de l’œil
que m’importent désormais
les noms les apparences et les appartenances
entre vous et moi
il n’y a que l’univers dont nous sommes
et qui nous lie
inexorablement
© Francine Hamelin (tiré de Comme aux jours de lumière)